Un peu de polémique dans ce monde si plat.

Je refuse,
Monsieur le lecteur, Madame la lectrice, 
de n’être considérée que par mon sexe, de n’être appréciée qu’en temps que femme, de n’exister que par ça, un vagin, et d’être vue et reconnue de tous comme étant unE individuE de sexe féminin.
Car si je suis tout ça, je suis surtout un être humain.
Je refuse, 
Madame la lectrice, Monsieur le lecteur, que vous m’ouvriez la porte au supermarché, je peux le faire seule, mes capacités musculaires me permettent un tel effort.
Je refuse,
Monsieur le futur employeur, Madame l’ex-employée, que vous me demandiez mon statut marital et si je souhaite avoir des enfants, ce qui se passe dans mon utérus ne regarde que moi.
Je refuse,
Madame la DRH, Monsieur le vigile, d’être payée 20% de moins que mes homologues masculins quand je travaille autant, moi aussi j’ai une maison et un mari à entretenir, figurez-vous.
Je refuse,
Monsieur le voyou, Madame la maîtresse d’école, d’être sifflée ou insultée quand je porte ma jolie jupe bleue, je ne suis pas un objet sexuel ni ce que vous dites et je ne cherche pas à vous plaire à vous, tout particulièrement mais seulement à me sentir bien dans mon corps et à assumer cette soi-disant féminité que je dois tantôt cacher, tantôt montrer. 
Oui, il s’agit de beaucoup de refus, j’en suis consciente, et si cette énumération vous paraît longue ou inutile, posez donc ce journal et allez, allumez votre téléviseur et regardez un de ces films avec plus de testostérone que de répliques. 
Car la suite, ce qui vous attend, ces mots, ces phrases à venir ne feront que vous confronter d’avantage à la triste réalité qui nous frappe, quand on a le désavantage de ne pas naître avec un pénis.
Car oui, le pénis, cette arme que l’on brandit contre tout doute sur la virilité, cet attribut qui fait d’un Homme un homme, cette chose qui nous manque à nous, pauvres femelles, est la cause de bien des maux. Et je ne parle pas d’enfants. Mais restons sous la ceinture un instant je vous prie. 

Parlons d’amour. Parlons de plaisir. De désir. De passion. 
Parlons excision. 
Pourquoi vouloir censurer une sensation, une émotion, et la plus naturelle qui plus est, et empêcher une femme, voire une fillette, d’avoir, un jour, une sexualité épanouie, ou du moins indolore?
Nous nous vous coupons pas vos membres sous un quelconque prétexte religieux, alors laissez vous fils et vous aiguilles dans les boîtes à couture de vos grand-mères et aimez-nous. Pour ceux et celles qui le souhaitent, bien entendu.
J’en entends déjà au loin me parler de circoncision, ce à quoi je répondrai:

« Le manque de votre prépuce affecte-t-il votre plaisir personnel? »

Si la réponse est oui, veuillez consulter un urologue de toute urgence, s’il vous plait.
Mais assez parlé de sexe, passons au mariage et à ses conséquences voulez-vous?
Cela fait maintenant dix ans qu’une femme est mariée à un homme. Dix ans à l’entendre ronfler, dix ans à tout partager, le lit, les tâches ménagères, les draps, l’argent…
Dix ans, et presque autant d’amants. Des deux côtés. Heureusement que le France ne punit pas l’adultère par la lapidation. Et quand bien même elle le ferait, cette femme, comme cet homme, serait lapidés. 
Égalité entre les sexes que voulez-vous?

Alors pourquoi, je vous le demande, cette autre femme, celle qui vit à l’est, serait-elle lapidée si elle n’osait ne serait-ce que regarder un autre homme que son doux mari?
Et pourquoi doit-elle se cacher derrière des foulards, des jupes longues et des yeux baissés quand lui n’a comme contraintes vestimentaire que le beau temps ou la pluie?
Croyez-vous Messieurs, que la vision de vos muscles sayants sous vos t-shirts en col à V ne pousse pas notre sang à irriguer bien plus bas que notre cerveau? Alors pourquoi devrions-nous cacher nos courbes quand on ne vous embête pas pour une ligne trop voyante?
Si je cache mon visage, cachez donc le vôtre, la vue de votre bouche pourrait éveiller en moi des pulsions animales aussi violentes et incontrôlables que les vôtres quand vous voyez une paire de jambes. 
Car Messieurs, si je suis une proie, vous êtes mon gibier. 

Et je ne pourrais finir cette tribune sans évoquer un dernier aspect de notre condition à nous, femmes frivoles et stupides, l’éducation.

Nous le savons tous, une fille ça coûte cher, entre les protections périodiques, le maquillage, la robe de mariée et la dote, ce à quoi on peut ajouter le fait qu’elle ne travaillera pas et ne sera donc jamais en mesure de nous rembourser, alors pourquoi vouloir investir dans de longues études, quand elle les quittera en deuxième année pour s’occuper de son nouveau né?
Et bien d’abord, une question: 

« Qui a eu l’idée saugrenue un jour, que seules les mères pouvaient s’occuper d’un bambin? »

L’allaitement? On a inventé le lait en poudre depuis. L’instinct maternel? Ne vous méprenez pas Messieurs, personne ne sait changer une couche comme ça, en naissant, ce n’est pas inné, non, ça s’apprend. Alors oui, la femme tombe enceinte. Mais justement, elle passe déjà neuf mois avec le bébé, à vous de rattraper le temps perdu!
Maintenant que la question de la maternité est résolue, parlons du reste.
Je suis aussi intelligente que n’importe quel homme. Car non, le QI, les capacités de réflexion, la mémoire, ne sont pas déterminés pas le genre.
Voyez George Sand, Olympe de Gouges, Simone de Beauvoir. Voyez Simone Veil. 
Leur seul point commun est d’être des femmes. Des êtres humains. Et intelligentes qui plus est. 

Alors non, réfutez cette idée qu’une fille vous coûtera plus qu’un garçon, ou même qu’un chien. Refusez les insultes, les reproches, parce qu’on porte une jupe, qu’on est célibataire, pas maquillée. 
Car deux refus valent toujours plus qu’un, et trois auront toujours plus d’influence que deux. 

Car si je ne refuse pas d’être une femme, je refuse de n’être qu’une femme. Et j’espère que vous aussi.

Cordialement, 

Un être humain.


(Bien sûr, il faut lire ceci comme étant  écrit VOLONTAIREMENT au second degré. Tout ce qui est polémique a été choisi avec attention et tout ce qui peut choquer est le fruit d'une profonde réflexion. Alors ne m'en voulez pas si vous n'êtes pas d'accord, je ne suis pas frustrés, seulement amusée et certes, un peu en colère.

Lélo.)

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