En fait je t'aime.
"Mais sors de ma tête putain! Casse toi, laisse moi tranquille, t’es comme un mauvais souvenir, tu veux pas t’en aller, comme une addiction à l’héroïne, impossible à oublier. Ou à faire oublier. Mais laisse moi vivre, casse toi, dégage, fous moi la paix, va trouver quelqu’un d’autre tiens, une autre victime, torture le comme tu me tortures moi, fais lui cracher ses poumons, vomir ses tripes, empêche le de dormir, saoule le, oui fais le boire pour t’oublier, pour tout oublier, toi, ton image, ta courbe circulaire, va y casse toi, j’t’en voudrais pas, j’te l’jure, j’t’aimerai, je t’adorerai mais barre toi, s’il te plait, je t’en prie, barre toi. Et ne reviens pas, ne me cherche pas, oublie moi, oublie nous, moi, mon corps, mon coeur, mes poumons, mon cerveau. Oublie, oublie tout, bois s’il le faut mais oublie tout. Tout. T’inquiète, je mourrais bien à un moment, mais t’as pas besoin de l’avancer, je suis toujours en retard tu sais, au boulot, sur mes vaccins, à l’aéroport, alors s’il te plait, laisse moi être en retard pour ça aussi, tu sais, mon rendez-vous avec la faucheuse. Tu sais j’ai pas d’gosses, pas de femme, de mari, de chien, de maison, j’ai rien, j’ai ma vie, c’est rien une vie, surtout la mienne, ça te coûterait rien de disparaitre, juste une fois, un jour, un mois, s’il te plait, comme les rides sur photoshop, je t’en prie, je t’en supplie, à genoux, par terre, sous terre, n’importe où mais s‘il te plait, pars. Et ne reviens pas. Ne reviens pas, jamais, jamais, jamais! Sors de ma tête, quitte mes nuits, mon corps, ma vie et sors, ne reviens pas, plus, jamais, plus jamais. S’il te plait, et même s’il ne te plait pas d’ailleurs, dégage. J’ai effacé tous les numéros, les rendez-vous, les mémos, les images qui te reliaient à moi, tu n’existes plus, tu es partie, morte, enterrée, lapidée, dissoute, enlevée, oubliée. Tu es loin, très loin, trop loin, mais c’est pas assez, toujours trop près, de moi, de nous, de nos souvenir, nos moments ensemble à l’hôpital, notre rencontre, tu sais, chez ce médecin bizarre, que j’étais allé voir parce que justement, je ne voyais plus. Et tu es arrivée, là, comme sur posée un nuage, inespérée, inopinée, inattendue, comme de la neige en avril et du givre au printemps. On s’en doutait aussi, on savait très bien comment ça allait se passer, et se terminer, toi, moi, la vie, la chambre blanche, les draps propres puis sales, et le reste, tout le reste qui disparait, qui part, mon travail, mon argent, ma vision, mais toi, toi non, toi tu restes avec moi jusque la fin, jusque ma fin, là, maintenant, ici, sur ce lit en plastique, tu m’assistes, tu veux m’aider à en finir, je le sais, je le sens, tu n’es pas une opportuniste non, mais tu veux que je meurs, sûrement oui, mais ne t’inquiète pas, je vais mourrir, bientôt, demain, ce soir, ou hier peut-être, mais si je meurs, si je meurs tu meurs aussi. Tu le sais n’est-ce pas? Tu ne peux pas vivre, être, exister sans moi. Sans moi tu n’es rien. Comme ma vie. Sans moi tu n’es pas, tu n’es plus, tu es perdue. Seule. Morte toi aussi. Car si je meurs, tu meurs, Tumeur."
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